Ralliements

Publié le par Gilles Norroy

Rentrant de vacances je trouve cet article envoyé par Gilles Noroy courantAoût......

Pendant ce temps là les bombes  tombaient sur Beyrouth et Haïfa.

 

Si l’on s’interroge sur les événements politiques qui ont marqué l’été, on citera bien évidemment la guerre au Liban dont le fracas dramatique et angoissant vient se superposer à l’insouciance des vacances. Pendant que des enfants meurent, nous continuons à nous préoccuper des embouteillages des départs et des retours en vacances et du prix des prunes à Dinard. C’est dire si tout autre actualité que la dimension internationale est un peu vaine.

La responsabilité première de ceux qui sont engagés en politique est de distinguer le bruit du signal, comme le disent les sous-mariniers. Tâche difficile quand le bruit est celui des armes et le signal celui de l’insignifiance particulièrement marquée de notre classe politique en cette saison.

 Un fait domine dans notre actualité politique interne de l’été, à droite, comme à gauche c’est celui des ralliements aux candidats favoris des sondages aux présidentielles, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. A droite, Dutreil vient d’annoncer qu’il soutiendrait le président de l’UMP et à gauche, Arnaud Montebourg qu’il se ralliait à Ségolène. Ce dernier affirme qu’il souhaite « être à Ségolène Royal ce que Chevènement était à Jospin ». Funeste présage car finalement l’échec de Jospin le 22 avril 2002 est pour partie dû à la candidature du leader du MDC !

Ces ralliements correspondent à différents profils psychologiques et politiques :

  • Les audacieux (qui font confiance aux sondages…), comme le Président du Conseil Régional de Bretagne, qui organise un meeting de soutien en juin à la candidature de Ségolène.
  • Les prudents, comme la présidente des élus socialistes de Nanterre ( adresse blog) qui considère qu’il y a deux candidats de qualité, François Hollande et Lionel Jospin et une candidature « intéressante » celle de Ségolène….
  • Les discrets qui sont majoritaires et attendent de voir de quel côté ira la fumée du train pour s’inscrire dans l’immense tradition des résistants du 7 mai 1945.

Quelque soit la forme du ralliement, ces derniers ont rarement un contenu politique (je me rallie mais je souhaite que Nicolas ou Ségolène porte tel projet) mais se caractérisent le plus souvent par une posture de soumission : on reconnaît l’autorité du suzerain.

Il est vrai et particulièrement à droite pour ceux qui sont encore « aux affaires » que l’art du ralliement est difficile : il faut plaire au futur maître sans trop se fâcher avec l’actuel car on ne sait jamais…

On peut aussi imaginer qu’à droite, comme à gauche il y ait quelques négociations préalables… être candidat aux Présidentielles n’est ce pas le meilleur moyen de s’assurer une place de ministre en finissant par se rallier à celui ou à celle qui sera mieux placé ?

Toute cette palinodie est vieille comme le monde. Elle nous oblige toutefois à  ne pas oublier l’histoire de France pour éviter d’être dupes de ceux qui peuvent voter pour le Front Populaire en 1936 et les pleins pouvoirs à Pétain en 1940.

Elle nous oblige aussi à nous poser quelques vraies questions politiques :

La bipolarisation de la vie politique Française est elle inéluctable : n’avons-nous que le choix entre Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy ?

Ne sommes-nous pas bloqués par un mécanisme majoritaire et présidentiel ?

Une représentation plus proportionnelle ne permettrait-elle pas une expression plus authentique de l’opinion des Français ?

Sommes-nous passés à l’heure de la démocratie (ou de la dictature) des sondages qui amplifient les phénomènes de ralliement en poussant les politiques à se conformer aux modes et en ramenant à peu de choses le rôle des formations politiques qui étaient de filtrer les ambitions ?

Quand on voit que le candidat de la Droite tempère son libéralisme et que celui de la Gauche marque son intérêt pour les expériences social-démocrates en Europe est-on sûr de l’importance du clivage ?

 

Puisque le temps des vacances est aussi celui de prendre le temps de rêver, j’ai fait celui d’un temps à venir où les politiques dépasseraient les clivages de leurs ambitions pour servir la France et les Français et se soucieraient d’avantage d’être créatifs, courageux et réalistes.

Pendant ce temps-là les bombes tombaient sur Beyrouth et Haïfa.

 

Gilles NORROY

Août 2006-08-07

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J
Rentré de vacances depuis un mois maintenant,c\\\'est d\\\'abord le Liban qui a retenu l\\\'essentiel de mon attention.La douleur des civils libanais ne peut que recevoir toute notre compassion.Pourtant c\\\'est d\\\'abord Israel qui est menacée par une milice libanaise intégriste à laquelle le gouvernement du Liban à ouvert sa porte.<br /> S\\\'agissant des présidentielles puisque malgré tout,il faut bien y revenir,allez je provoque un peu:quand BK rentrera-t-il de Corse? Son silence est assourdissant et nous allons commencer à regarder ailleurs.Pour ma part pas vers le PS qui réussit même à faire pleurer Jospin,il faut être balaise !<br /> Corinne Lepage, bien-sûr,mais pas seule,sinon elle sera un "petit candidat" de plus.Quelles peuvent être les suites du WE écolo de Coutances ?<br /> J\\\'attends aussi l\\\'UDF le WE prochain car,franchement,si les présidentielles avaient lieu demain,c\\\'est François Bayrou qui aurait ma voix.
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S
Bonjour, J'éspère que vos vacances ont été riches et se sont bien déroulées. Et voila la rentrée qui pointe le bout de son nez... En effet, bon point pour Corinne Lepage. a voir si cela sera suivi d'effets. Attendons de voir ce qu'il se passera à l'UDF entre le 1er et le 2 Septembre, lors des Universités d'été. Cela risque de bouger là aussi. Enfin, pour le PS, ils ont perdu, définitivement, tout sens de crédibilité à mon gout. Solidarités et Libertés
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M
Quelques impressions, au retour de vacances, sur la situation politique: <br /> la droite se présente plus unie et peut se prévaloir d'une situation économique qui s'améliore.<br /> Le parti socialiste donne le spectacle de luttes d'ambitions (plus personne ne parle du fond et le "projet" semble bien oublié), entre candidats sans grande envergure et  assez peu charismatiques.<br /> Dans la mouvance qui est la nôtre, on n'entend pas Kouchner (j'espère que cela changera vite),  mais Corinne Lepage fait une rentrée remarquée........<br />  <br />  
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P
Voilà qui fait bien plaisir d'avoir des nouvelles des amis. Très bel article en tous les cas, sauf, pour ma part que je rejette le terme même de dictature des sondages... Il n'y a pas de sondage dans les dictatures, juste un peu de manipulation ...pour reprendre la formulation de Churchill  "je ne crois pas aux sondages sauf à ceux que j'ai manipulé moi même ..."<br /> Et encore, je ne pense pas que les sondages aient été manipulés ni avant le 21 avril, ni avant le 29 mai.<br />  
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