L'école est une affaire politique
Le Président de la République a adressé une lettre aux enseignants lesquels ont tièdement accueilli l’initiative. En ce domaine aussi, les rapports sont déjà écrits et les constats établis. Il reste à passer à l’action.
Mais en France, l’école est une affaire politique. Et c’est sans doute ce caractère éminemment politique qui rend toute réforme impossible. Car pour y changer quelque chose, il faut obtenir le consensus, il faut l’accord de tous les acteurs (parents, enseignants, syndicats…etc.). Et comme un pareil consensus est aussi improbable qu’introuvable, alors on ne touche à rien. Selon un titre publié dans le quotidien Libération du 27 août 2007, « l’école française a échoué à gommer les inégalités sociales ». Voilà qui résume bien le malentendu car ce simple commentaire est révélateur des présupposés idéologiques qui structurent la conception et les fondements de l’éducation nationale à la française. Car est-ce bien là le premier rôle de l’école ?
L’école a vocation à former au minimum des citoyens respectueux, respectables et responsables et, au mieux, à fournir les compétences multiples et variées dont aura besoin la société dans le futur, notamment en donnant à chaque enfant la possibilité de trouver sa voie et de réaliser ses talents potentiels. C’est déjà un objectif complexe que l’on ne saurait confier à une organisation centralisée et planifiée sauf si l’on veut transformer les êtres humains en de dociles moutons écervelés.
Il se trouve que la société aura probablement toujours besoin de boulangers, de maçons, d’hôteliers, d’avocats, de coiffeurs, de chirurgiens, d’enseignants, d’artistes, de chauffeur de taxis ou de pilotes d’avions…etc. Or, dans une société où peut s’épanouir et co-exister une telle variété de métiers et de professions, l’inégalité sociale – mais je préfère parler de « diversité », fruit de la liberté - est inévitable. Faut-il alors s’en plaindre ? Non dans la mesure où cette inégalité n’est pas le résultat d’un découpage a priori de la société humaine en castes étanches qui interdirait toute mobilité individuelle et tout espoir d’évolution personnelle.
A force de s’échiner à gommer l’inégalité sociale, notre école finit par détruire les compétences et les métiers, en jetant sur le marché du travail une armée de jeunes sans qualification et sans motivation. Au lieu d’être inégaux dans la richesse et la croissance économique, ils seront égaux dans la pénurie et la stagnation.
Jean-Louis Caccomo