Europe et société civile ( 3)
Nous poursuivons la publication du long article de Gilbert Veyret , que nous avons divisé en 5 parties, ajourd'hui la partie 3.
Une vie associative dynamique tend à se substituer à l’engagement politique et syndical
Notre pays traditionnellement individualiste n’a pas une expérience de vie associative aussi grande que d’autres pays, notamment anglo-saxons.
Une quantité croissante de problèmes, sociaux, culturels, éducatifs, d’animation du tissu local ne trouvent de solution qu’en partenariat avec des associations, parfois même grâce à l’intervention des seules ONG. L’acteur de terrain est désormais principalement le militant associatif. De multiples associations essaient de collecter des fonds, d’organiser des bénévoles pour couvrir un champ de plus en plus vaste d’actions sociales, éducatives, humanitaires qui échappent aux interventions publiques habituelles.
Aide alimentaire, éducation sanitaire, soutien scolaire et lutte contre l‘illettrisme, accompagnement de personnes âgées, animation de jeunes en déshérence, assistance aux mal logés, parrainages et aides à la recherche d’emplois, à la création d’activités, défense des droits fondamentaux…; il n’est pas de mois sans que se constituent ou se démultiplient des structures tentant de remédier à cette fracture du social, objet de tant de discours politiques. Elles comblent des vides béants de l’action publique, même si la décentralisation a permis (en tous cas devrait permettre) de rapprocher les politiques sociales de leurs bénéficiaires. Des jumelages de communes françaises et de pays en développement, des associations de volontaires pour des actions de coopération regroupent de quelques dizaines à plusieurs milliers d’acteurs de terrain et de donateurs.
A titre d’exemple une association d’intervenants bénévoles retraités comme AGIR[1] qui regroupe plus de 4.000 adhérents, avait été créée, il y a une vingtaine d’années pour des missions humanitaires outre mer. Désormais 80¨% de ses actions se font en France, avec une progression de 32% entre 2004 et 2005, souvent à la demande des pouvoirs publics qui ont besoin de ces appuis bénévoles expérimentés, notamment pour lutter contre l‘illettrisme, en renfort de l’éducation nationale, l’assistance sanitaire et sociale ou pour aider à la protection judiciaire de la jeunesse, au-delà de l‘action policière ou judiciaire.
Les départs en retraite, particulièrement précoces en France, fournissent un grand nombre de volontaires qui essaient de transposer dans le bénévolat le professionnalisme qu’ils pratiquaient dans leur carrière.
A l‘opposé de la pyramide des âges, de jeunes animateurs parviennent, avec des moyens très limités à regrouper des jeunes des cités pour prendre en main l’animation de leur quartier, au-delà ou en accompagnement des nombreuses politiques publiques successives de la ville. Leur rôle ne peut aller qu’en grandissant au fur et à mesure que des pans entiers de politiques publiques devront être abandonnés, faute de moyens.
Cette montée en puissance du bénévolat, des fondations et de diverses formes d’ONG en France ne fait que suivre avec une quinzaine d’années d’écart, ce qui s’est passé aux Etats-Unis. Les services publics, au sens strict, y avaient déjà déserté certains quartiers, abandonné des politiques sociales, avant même que la droite conservatrice actuellement au pouvoir, ne généralise et théorise ces démissions.
Des groupes privés, dotés de moyens importants se sont constitués à partir de leurs idéaux religieux ou philanthropiques, aidés par une fiscalité américaine très favorable aux fondations privées, pour se substituer aux politiques publiques défaillantes.
Ils couvrent des domaines très vastes et notamment le logement social, l’aide sanitaire, éducative. Ils ne sont pas exempts de prosélytisme, mais sont nécessairement acceptés comme étant souvent plus efficaces que les aides publiques.
Ainsi il est probable qu’une part importante de la réhabilitation des quartiers les plus populaires de