Chômage, au delà des chiffres

Publié le par Nicolas Barré

L’éditorial de Nicolas Barré, Le Figaro du 12 décembre 2007...



C’est tout le paradoxe des chiffres du chômage : ils peuvent être bons, cela ne signifie pas que la situation de l’emploi le soit. Pour la première fois depuis cinq ans, le taux de chômage est revenu sous le seuil de 8 % dans notre pays. Il y a un an seulement, la France comptait encore près de 9 % de chômeurs. La tendance, nette, est donc bien à la décrue. Voilà qui clôt définitivement la polémique née cet été sur les chiffres de l’emploi. Les manipulateurs ne sont-ils pas plutôt ceux qui criaient à la manipulation ? L’Insee a changé son thermomètre, dépoussiéré ses méthodes de calcul, revu tous ses chiffres : les doutes sur la réalité de la baisse du chômage ne sont plus permis.

Fort bien. Mais la situation de l’emploi est-elle pour autant satisfaisante ? Malheureusement non, et ce, pour au moins trois raisons. D’abord parce que notre taux de chômage demeure nettement supérieur à la moyenne européenne. C’est ce qui explique, entre autres, que les Français, plus que les autres Européens, redoutent toujours autant de perdre leur emploi, de décrocher voire, un jour, de grossir les rangs de ceux qui vivent des revenus de l’assistance, ces nouveaux «intouchables». Que les chiffres soient bons ou mauvais, l’angoisse du chômage mine en particulier des classes moyennes secouées par l’écrasement de la hiérarchie des salaires ou la perte de statut social de certaines professions. Il faudra plus qu’une bonne série statistique pour calmer ces peurs installées depuis deux à trois décennies.

Ensuite parce que notre pays souffre toujours du fait que la part de la population qui travaille est plus ­faible qu’ailleurs : à peine deux Français en âge de travailler sur trois occupent un emploi. La proportion frise les 80 % au Danemark, atteint 75% en ­Suède, dépasse 70 % en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas ou aux États-Unis ! Bref, la France reste ce pays atypique où le taux de chômage est relativement élevé, et où la proportion de personnes au travail est relativement faible.

Enfin parce que le nombre de personnes sous-employées mais qui voudraient travailler davantage progresse depuis 2006, c’est-à-dire depuis que la courbe du chômage baisse. L’Insee en a recensé 1,4 million et s’ils n’effectuent pas des semaines à temps plein, ce n’est certainement pas par préfé­rence pour le temps libre !

On le voit bien, c’est à ces spécificités françaises qu’il convient de s’attaquer. L’objectif fixé par le président de la République pour son quinquennat – 5 % de chômeurs et 70 % de Français au travail – montre le chemin qui reste à parcourir.

Des signes encourageants apparaissent néanmoins. Le taux d’emploi, c’est-à-dire la part des Français qui travaille, commence à remonter. Est-ce le début d’un cercle vertueux ? Autre signe, depuis la rentrée, les partenaires sociaux discutent d’une réforme des conditions d’embauche et de licenciement, de l’évolution des contrats de travail, bref s’efforcent de combler le fossé entre ceux qui occupent un emploi à durée indéterminé et les autres. Ils le font dans un esprit constructif et le gouvernement fait bien de leur laisser un peu de temps pour aboutir. C’est l’organisation même du travail qui est en train de bouger dans notre pays. Et cela, en soi, vaut tous les bons chiffres du chômage.

Nicolas Barré
Le Figaro 12 décembre 2007

Publié dans Economie et social

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M
Troisième bonne nouvelle qui vient contredire les critiques orientées des socialistes, de Bayrou et des médias sur la politique économique du gouvernement de François Fillon...  La dette de la France a légèrement baissé à environ 65,9% du PIB à la fin du troisième trimestre, en diminution de 0,6 point par rapport au trimestre précédent, à 1.218,3 milliards d'euros, a annoncé aujourd'hui l'Insee.Ce niveau de dette reste toutefois nettement supérieur au plafond de 60% fixé par le pacte de stabilité européen.Au troisième trimestre de l'année 2007, l'ensemble de la dette publique (Etat, organismes d'administration centrale, collectivités locales et Sécurité sociale) a augmenté de 1,9 milliard d'euros par rapport au trimestre précédent, mais moins vite que le PIB, d'où sa baisse en pourcentage.A la fin du deuxième trimestre, la dette de la France était montée à environ 66,5% du PIB.Source: AFP 
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M
Autre bonne nouvelle, l'INSEE, comme on pouvait s'y attendre a révisé en hausse la croissance du 3ème trimestre: un excellent 0,8% au lieu des 0,7% annoncés.....Tous ceux, socialistes et médias qui critiquaient la politique du gouvernement la jugeant inefficace, devront , devant les résultats de la croissance et de l'emploi reconnaître leur "erreur", sans doute pas si involontaire que ça....;Il leur reste le thème monté en épingle et fortement exagéré du pouvoir d'achat, mais là aussi les résultats du "travailler plus pour gagner plus" s'affirment de jour en jour....
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M
- 0,7% de chômeurs en novembreLe nombre de chômeurs inscrits fin novembre en France à l'ANPE en catégorie 1 a diminué de 0,7% comparé à octobre (-12.500) et de 9,6% sur un an pour atteindre 1,907 million, en données corrigées des variations saisonnières, a annoncé le ministère de l'Emploi. source : AFP Malgré les grèves de novembre, voilà un excellent résultat, qui montre bien que la politique suivie va dans le bon sens quoiqu'en disent les socialistes et  donc les médias.... 
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J
Les choses commencent à bouger. En effet, les syndicats tendent à devenir une force de propositions. On le voit avec les discussions sur la refonte du Code du travail. <br /> <br /> On est au début de quelque chose qui permet d'espérer que la France rattrape ses voisins et retrouve une place honorable dans la grande compétition économique mondiale. Affaire à suivre.
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M
L'emploi salarié dans le secteur concurrentiel a progressé de 0,4% au troisième trimestre (+66.200 postes) et de 1,8% sur un an (+312.200), totalisant quelque 18 millions de salariés fin septembre, selon des chiffres définitifs diffusés jeudi par le ministère de l'Emploi.Le premier ministre François Fillon a levé le voile sur ces chiffres dès mercredi soir, devant des dirigeants de l'association CroissancePlus, en prédisant "des très bonnes nouvelles s'agissant des créations d'emplois nets au 3e trimestre", "avec 300.000 emplois nouveaux" créés en un an, "contre environ 230.000 l'an passé". (Le Figaro.fr) 
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