PS: la rénovation impossible
La rénovation du PS, évoquée si souvent, n’a aucune chance de se réaliser, faute d’acteurs pour la mettre en œuvre, d’alliés pour la soutenir, d’espace pour se déployer. Le Parti socialiste est donc condamné à rester peu ou prou ce qu’il est, seul de son espèce en Europe, et son déclin va se poursuivre, plus ou moins vite, mais inexorablement.
Le PS ne se rénovera pas d’abord parce que il n’a pas en son sein de responsables désireux ou capables de mener cette rénovation et que les militants qui la souhaitent vraiment sont très minoritaires. Les « rénovateurs » du PS, et leurs proches, l’ont quitté, comme Bockel, Besson, Kouchner, Allègre, ou s’éloignent comme Rocard ou DSK, ….La lutte qui oppose Hollande, Royal, Delanoë, et quelques quadragénaires, ne se déroulera pas autour des idées d’une gauche moderne dont aucun ne veut (sauf Royal par intermittence), et qui ne correspond pas au positionnement qu’ils souhaitent adopter en interne. Voulant s’assurer le soutien des militants, aucun ne prendra le risque de trop les bousculer dans leurs préjugés et leurs habitudes de pensée. Dans la lutte interne qui va s’amplifier, la rénovation restera donc un slogan.
Autre obstacle, les alliances du PS qui le lient et l’empêcheront de s’émanciper de sa ligne conservatrice au cas où il en aurait eu l’intention. Comment adopter des positions modernistes et ouvertes lorsqu’on a impérativement besoin des votes du PC, des verts, du MRC et même, pour faire l’appoint, de l’extrême gauche. Toute évolution importante vers une sociale démocratie raisonnable, sans même parler du social libéralisme, l’exposerait aux attaques virulentes de ses alliés et le priverait de leur soutien…..Et cette alliance « à gauche » ne sera pas troquée contre une alliance « au centre », François Bayrou et le MoDem (qui sont eux-mêmes bien peu rénovateurs…) n’ayant aucunement l’intention d’apporter leur aide à un PS qui demeure leur concurrent essentiel, notamment pour la présidentielle…
Sans hommes pour la mener, sans alliés pour l’accompagner, la rénovation s’avèrera de plus sans espace pour se déployer car elle conduirait pour l’essentiel le PS à adopter les principes ou les positions de Nicolas Sarkozy. Elle interdirait ainsi au PS de se maintenir dans une posture d’opposition systématique au gouvernement, ce que, Manuel Valls excepté, tout le parti considère comme la seule attitude possible.
Moderniser et rénover le PS ce serait quoi ? Ce serait, à l’instar des partis sociaux démocrates européens, choisir l’initiative, la responsabilité, l’équité contre la réglementation, l’assistance et l’égalité formelle…. Ce serait choisir la réforme contre l’immobilisme et la défense « des acquis »…La prise en compte de la réalité que représente la mondialisation et la volonté de profiter des opportunités qu’elle offre au lieu de la refuser ou de la nier …Ce serait manifester clairement son acceptation du marché et de la concurrence libre et loyale, comme son soutien aux entreprises….Ce serait consentir à réformer le fonctionnement de l’Etat et à alléger son coût….Ce serait adopter une politique de maîtrise concertée de l’immigration….Ce serait réformer l’éducation et la santé en accordant davantage d’autonomie aux acteurs…Ce serait admettre que la lutte pour l’emploi passe par une refonte du droit du travail…. Ce serait, au bout du compte, admettre que la direction fixée par Nicolas Sarkozy est la bonne et que le rôle de l’opposition consiste à discuter des modalités, de l’ampleur et du rythme des réformes, voire à contester les méthodes de gouvernement…. sans en remettre en cause les objectifs ou la ligne générale. Peut-on imaginer le parti socialiste adoptant une telle attitude responsable et constructive ? A l’évidence non et c’est pourquoi il est irréaliste de penser qu’il a la moindre chance de se rénover. Il continuera donc à décliner….Et dans le même temps progresseront ceux qui à gauche, s’organisent autour de personnalités comme Jean-Marie Bockel et surtout Eric Besson, au sein de la majorité présidentielle, pour soutenir l’action réformatrice du Président de la République et, dans la mesure de leurs moyens, la faire évoluer vers une meilleure prise en compte de la solidarité et de l’égalité des chances….. C’est autour d’eux, sans doute, et non plus rue de Solférino, que commence à se construire la véritable rénovation de la gauche.
Marc d’Héré