PS: la rénovation impossible

Publié le par marc dHERE

La rénovation du  PS, évoquée si souvent, n’a aucune chance de se réaliser, faute d’acteurs pour la mettre en œuvre, d’alliés pour la soutenir, d’espace pour se déployer. Le Parti socialiste est donc condamné à rester peu ou prou ce qu’il est, seul de son espèce en Europe,  et son déclin va se poursuivre, plus ou moins vite, mais inexorablement.

Le PS ne se rénovera pas d’abord parce que il n’a pas en son sein de responsables désireux ou capables de mener cette rénovation et que  les militants qui la souhaitent vraiment sont très minoritaires. Les « rénovateurs » du PS, et leurs proches, l’ont quitté, comme Bockel, Besson, Kouchner, Allègre, ou s’éloignent comme Rocard ou  DSK, ….La lutte qui oppose Hollande, Royal, Delanoë, et quelques quadragénaires, ne se déroulera pas autour des idées d’une gauche moderne dont aucun ne veut (sauf Royal par intermittence), et qui ne correspond pas au positionnement qu’ils souhaitent adopter en interne. Voulant s’assurer le soutien des militants, aucun ne prendra le risque de trop les bousculer dans leurs préjugés et leurs habitudes de pensée.  Dans la lutte interne qui va s’amplifier, la rénovation restera donc un slogan.     

Autre obstacle, les  alliances du PS  qui le lient et  l’empêcheront de s’émanciper de sa ligne conservatrice au cas où il en aurait eu l’intention. Comment adopter des positions modernistes et ouvertes lorsqu’on a impérativement  besoin des votes du PC, des verts, du MRC et même, pour faire l’appoint, de l’extrême gauche. Toute évolution importante vers une sociale démocratie raisonnable, sans même parler du social libéralisme, l’exposerait aux attaques virulentes de ses alliés et le priverait de leur soutien…..Et cette alliance « à gauche » ne sera pas troquée contre une alliance « au centre », François Bayrou et le MoDem (qui sont eux-mêmes bien peu rénovateurs…) n’ayant aucunement l’intention d’apporter leur aide à un PS qui demeure leur concurrent essentiel, notamment pour la présidentielle…

Sans hommes pour la mener, sans alliés pour l’accompagner, la rénovation s’avèrera de plus sans espace pour se déployer car elle  conduirait pour l’essentiel le PS à adopter les principes ou les positions de Nicolas Sarkozy. Elle interdirait ainsi  au PS de se maintenir  dans une posture d’opposition systématique au  gouvernement, ce que, Manuel Valls excepté,  tout le parti considère comme la seule attitude possible.

Moderniser et rénover le PS ce serait quoi ? Ce serait, à l’instar des partis sociaux démocrates européens, choisir l’initiative, la responsabilité, l’équité contre la réglementation, l’assistance et l’égalité formelle….  Ce serait choisir la réforme contre l’immobilisme et la défense « des acquis »…La prise en compte de la réalité que représente la mondialisation et la volonté de profiter des opportunités qu’elle offre au lieu de la refuser ou de la nier …Ce serait manifester clairement son acceptation du marché et de la concurrence libre et loyale, comme  son soutien aux entreprises….Ce serait consentir à réformer le fonctionnement de l’Etat et à alléger son coût….Ce serait adopter une politique de maîtrise concertée  de l’immigration….Ce serait réformer l’éducation et la santé en accordant davantage d’autonomie aux acteurs…Ce serait admettre que la lutte pour l’emploi passe par une refonte du droit du travail….  Ce serait, au bout du compte,  admettre que la direction fixée par Nicolas Sarkozy est la bonne et que le rôle de  l’opposition consiste  à discuter des modalités, de l’ampleur  et du rythme des réformes, voire à contester les méthodes  de gouvernement…. sans en  remettre en cause les objectifs ou la ligne générale. Peut-on imaginer le parti socialiste adoptant une telle attitude responsable et constructive ? A l’évidence non et c’est pourquoi il est  irréaliste de penser qu’il a la moindre chance de se rénover. Il continuera donc à décliner….Et dans le même temps progresseront ceux qui  à gauche, s’organisent autour de personnalités comme Jean-Marie Bockel et surtout Eric Besson,  au sein de la majorité présidentielle, pour soutenir l’action réformatrice du Président de la République et, dans la mesure de leurs moyens, la faire évoluer vers une meilleure prise en compte de la solidarité et de l’égalité des chances….. C’est autour d’eux, sans doute, et non plus rue de Solférino, que  commence à se construire la véritable rénovation de la gauche.

 

Marc d’Héré

Publié dans Vie politique

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M
e député PS Jean-Christophe Cambadélis, qui fait partie des reconstructeurs proche de Dominique Strauss-Kahn, a dénoncé lundi 14 avril la "foire des ego quasi-insupportable" qui, selon lui, règne au sein du Parti socialiste en vue de la succession à François Hollande.<br /> "Franchement, je trouve que le débat actuel est un peu lamentable", a déclaré M. Cambadélis sur Canal+ affirmant que pour sa part il n'était "pas du tout" candidat au poste de premier secrétaire.Mon article de septembre était assez prémonitoire...Non?....11 mois de passés et pas le début d'un commencement d'un semblant de rénovation....Et ça peut encore s'aggraver!
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M
C’est la nouvelle berceuse socialiste : surtout, évitons le combat des chefs et des cheftaines, les idées doivent passer avant les ambitions, fi des divisions ! Qui ne souscrirait à cette sagesse nouvelle défendue par un chœur de présidentiables soudain changés en raminagrobis, toutes griffes rentrées ? Pourtant, à y penser cinq minutes, la méthode n’est pas forcément la meilleure. Certes le PS doit d’abord se doter d’un projet neuf, qui donne du mot socialisme une définition qui soit à la fois contemporaine et bien distincte des politiques de l’UMP. C’est l’héritage que veut laisser un François Hollande requinqué par le succès municipal. Mais cette œuvre pie peut-elle s’accommoder d’un non-choix sur les hommes - ou les femmes ? En esquivant la confrontation, le PS court plusieurs risques. Pendant trois ans, la gauche n’aura pas un leader mais plusieurs, qui parleront d’une voix différente sinon discordante. Chacun d’entre eux se gardera bien de contribuer au renouveau idéologique, préférant garder en réserve pour l’explication finale les idées qui pourraient lui venir. Un premier secrétaire de transition, enfin, désigné parce qu’il ne gênera personne, aura-t-il l’autorité nécessaire pour mener à bien l’urgente mutation d’un parti quelque peu vermoulu ? Dans tous les pays démocratiques, il y a un leader de l’opposition et un seul. En reculant pour mieux sauter, le Parti socialiste n’évitera pas le combat des chefs. Il le prolongera pendant trois longues années. Pendant ce temps, un président hégémonique à droite occupera seul la scène.Editorial de Laurent Joffrin dans   Libération du 31 mars
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M
Le combat va commencer...4 adversaires principaux: Delanoë, Royal, Aubry, Hollande....2 "vieux" qui n'ont pas renoncé: DSK et Fabius (!)...Quelques jeunes qui attendent une ouverture et préparent leurs alliances: Dray, Montebourg, Hamon, Valls, Peillon,...Et les apparatchiks Rebsamen et  Moscovici....Un clivage semble t-il:  alliance ou pas avec le Modem...C'est dire que le débat porte sur le fond! Rien d'ailleurs n'a bougé sur ce fond depuis 10 mois. Si je puis me permettre des pronostics: 1- Aucune rénovation des idées n'aura lieu.2 - La bataille sera sanglante3- Hollande sera le candidat à la présidentielle.....  
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M
Frèche est en passe d'être réintégré au PS, nous dit la presse....La rénovation est en marche!
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M
"Il n'y a plus de pensée au PS, nulle part. Que des débats tactiques. Jamais vous n'entendez au bureau national d'analyse de long terme sur l'état du pays. C'est toujours à la petite semaine."Confié avec une certaine amertume dans la voiture par Arnaud Montebourg, quelque part sur une route de Saône-et-Loire, où le député monte à l'assaut du canton de Montret, et s'en montre fort "heureux"."Pourquoi les dirigeants du PS se replient-ils sur leurs terres? Il n'y a plus de centre, plus de parti. Tout a disparu dans les sables mouvants de l'opportunisme. L'air est devenu irrespirable. On va donc respirer l'air ailleurs, dans les circos et les provinces." Près du coeur électoral, et loin de l"opportunisme" et de Solférino, donc.Libération.fr
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