Les candidatures aux Présidentielles, la valse à tous les temps

Publié le par Claude Bodin

Pour la première fois, les Français ordinaires ont pu voir et entendre les postures et les petites musiques des trois candidats socialistes à l’investiture ,et ceci,grâce à trois ou quatre chaînes de télévision de la TNT.

Etant un  militant du PS de  puis plus de 40 ans, je n’ai rien appris de très nouveau en écoutant Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius sauf à noter les particularités des positionnements stratégiques de ces deux candidats.

 Par contre, j’ai été surpris, comme beaucoup d’observateurs semble-t-il, par la petite musique de Ségolène ROYAL. Je fais partie de ceux qui ne cachent pas leurs réticences motivées à cette irruption médiatique et, pourquoi ne pas le redire, très « people » suscitant une adhésion populaire façon midinette ou fans de vedettes du monde du spectacle.

 Je confesse qu’une partie de mes réticences a disparu : au terme de cette émission télévisée, comme l’a montrée la réaction à chaud des journalistes observateurs présents, la petite musique de Madame ROYAL m’a beaucoup plu pour plusieurs raisons; j’y ai retrouvé quelques thèmes et idées qui me sont chères et qui sont de bon sens, sur ce point, je ne dois pas être le seul ! j’ai été frappé par une conception politique globale très charpentée dans ses différentes réponses aux questions des deux journalistes, une conception à la hauteur de la fonction présidentielle recherchée, une sorte de transcendance qui élevait son discours à la bonne hauteur, un discours où vérité et conviction personnelle transparaissaient, et pourquoi ne pas le dire bien que le mot choquera quelques uns de mes camarades,une foi humaniste habite cette femme qui mérite qu’on l’écoute avec autant de respect que ses deux compétiteurs.

 Après avoir dit qu’une partie de mes réticences avait disparu, je parlerais maintenant de celles qui subsistent. Depuis la création de la cinquième république dotée d’une constitution faite à la mesure de Charles de Gaulle et renforcée par le principe constitutionnel de l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel, tous les hommes qui ont occupé la fonction possédaient préalablement une carrure politique et personnelle incontestée qui en ont fait des présidentiables et des présidents incontournables, détenant une autorité reconnue par tous. Cette autorité politique confortée par la fonction présidentielle permet et a permis de gérer la grande complexité d’un certain nombre de problèmes : - l’ambiguïté d’une Constitution qui donne, par son article 20, la conduite des affaires de la France au Premier Ministre,y compris les affaires internationales ;on sait aujourd’hui à quelles acrobaties politiques il faut consentir pour accepter un domaine réservé présidentiel,en particulier en période de cohabitation !

                                       -la mutation extraordinaire du paysage planétaire avec ses pays plus qu’émergents, comme le « continent CHINDIA »,le caractère mondialisé des flux migratoires et ses effets gravissimes sur la situation intérieure des pays développés destinataires de ces flux migratoires,la situation écologique du monde et les incertitudes de l’avenir quant aux effets du réchauffement climatique,etc…

                                        -l’état de l’Union européenne actuellement en panne et les contradictions d’une Gauche,éventuelle future majorité politique de la France ,avec le caractère socio-démocrate-socio-libéral de la grande majorité des pays de l’Union !

                                        -la situation intérieure de la France , de plus en plus difficile, voire explosive dans les banlieues urbaines, avec ses phénomènes de plus en plus reconnus,établis,de bandes organisées, transposition attendue des phénomènes de sociétés observés outre atlantique ; par ailleurs, la « révélation » curieusement occultée par les partis de gouvernement Droite et Gauche et apportée comme un pavé dans la mare lors d’un récent débat télévisé par … Marine LE PEN, c’est à dire que toute régularisation de clandestins opérée dans l’un des pays de l’Union européenne valait pour tous les autres pays de l’Union ,cette « révèlation », bien sur connue de tous les participants à ce débat, a jeté un certain malaise,un froid sur l’ardeur des échanges entre débatteurs !

 Bien des téléspectateurs qui n’ont rien à voir avec le Front National,ont certainement noté avec quelque amertume,que l’immigration en France n’était pas un problème franco-français, mais de toute évidence un problème européen, n’en déplaise à tous ceux qui ont sabordé le Traité de Bruxelles en Mai 2005 !

                                         - les contradictions entre les positions des différentes Gauches françaises, y compris le PS, sur les problèmes de politique intérieure, positions intenables quand on passe du statut d’opposition à celui de majorité politique d’un éventuel titulaire socialiste de la fonction présidentielle !

  Je pourrais continuer ainsi la litanie des dossiers délicats en y ajoutant la réforme incomplète des retraites, celle de l’Assurance Maladie, l’étude de solutions crédibles internationales pour résoudre et stabiliser la poussée quasi irréversible des flux migratoires Sud-Nord,, le rétablissement de la tranquillité publique sur l’ensemble du territoire, la sécurité intérieure, l’établissement d’une laîcité dépassionnée et empreinte de tolérance,etc…

  Tous ces dossiers ne se situent plus dans les temps à venir : on avait l’habitude d’en parler dans les discours électoraux et puis on attendait, on reportait ! qui ne se souvient de Michel ROCARD,Premier Ministre, il y a vingt ans, appelant à réformer de toute urgence les régimes des retraites : on a attendu d’être au pied du mur pour réformer,ce fut la très récente réforme FILLON vingt ans après !

 Aujourd’hui, sur beaucoup de dossiers,nous sommes au pied du mur ! Nous n’avons plus de marge de temps ; il faut avancer,décider ; imaginez la force, l’autorité, la fermeté qu’il va falloir à celui ou celle qui dirigera notre pays !

  C’est bien le Chef de l’Etat, légitimé par son élection au suffrage universel, qui est en première ligne pour indiquer le « la » de nos orientations, de nos décisions et plus qu’hier et aujourd’hui,ce chef de l’Etat se doit de posséder une carrure politique incontestée,une autorité reconnue et acceptée qui s’impose à tous dans le cadre du libre exercice de la démocratie,tant sur le plan intérieur que sur le plan européen et international.

  Alors, me direz vous, Ségolène ROYAL vous paraît-elle réunir,au delà de sa petite musique fort intéressante,les qualités décrites ci-dessus ?

 Pour être honnête, je n’en sais rien parce qu’elle ne s’inscrit pas dans la continuité d’hommes politiques titulaires dans le passé de la fonction présidentielle qui ont pour point commun d’avoir dominé leur univers politique avant même d’être chefs de l’Etat ; si vous les passez en revue,de Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing, Mitterrand , Chirac,aucun ne fait exception à la règle même si les fins de règne ont souvent été difficiles !

 Alors,je sais seulement que Madame ROYAL est une femme autoritaire, qui sait ce qu’elle veut ; le Vendéen que je suis,Normand d’adoption, a quand même ses racines dans une partie du Poitou historique ( le Bas Poitou) et  y a gardé quelques parentés qui m’informent sur le quotidien poitevin de la Présidente de Région !

 Il se peut que tout cela mis ensemble, petite musique, autorité naturelle et intelligence de la raison et du cœur réunies dans cette sorte de creuset qu’est l’élection présidentielle produise, cristallise, transcende une femme pour en faire peut-être non seulement la première Présidente de la République française,mais aussi celle qu’il faut à notre pays et à notre Europe.

 Dernier point de cet article,quelques remarques sur Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius et…. Nicolas Sarkozy.

 Les deux premiers, observés le 18 Octobre à la Télévision , ont adopté un positionnement stratégique  dans la posture et le discours. Le premier, Dominique Strauss-Kahn, affiche d’entrée sa spécificité socio-démocrate ; toutes ses interventions sont dans le fil de cette position et ne révèlent rien de novateur sauf à lui reconnaître une conviction véritable, une expérience économique et internationale incontestables, une autorité naturelle et politique reconnue. Néanmoins,il lui manque le « souffle » ,peut-être le trouvera-t-il demain !

 Laurent Fabius, pour décrocher ses éventuels rivaux, s’est positionné «  à gauche toute » dès la pré campagne socialiste pour le référendum européen du 29 Mai 2005 ; il est aujourd’hui dans cette logique stratégique très mitterrandienne de rassembler les siens au premier tour et plus largement encore au second tour. La position de Laurent Fabius est malgré tout très ambiguë car toutes ses postures circonstantielles ne tromperont jamais tous ceux, et ils sont nombreux,qui savent qu’il est aussi européen et socio-démocrate que son camarade Dominique Strauss-Kahn. Il arrive, Laurent Fabius,que trop de postures frisent l’imposture  et qu’on s’en rende compte !

 Toutes ces postures ne sont pas neutres : elles tirent leur justification de la probabilité d’un vote utile dès le premier tour ; 2002 est encore tout frais dans les mémoires des Français !

 Le vote utile,c’est aussi l’un des éléments de la stratégie électorale de Nicolas SARKOZY qui, me semble-t-il, a choisi de ne pas éviter les propos qui fâchent, sur les régimes spéciaux par exemple, et de s’appliquer à mener une campagne de la transparence alors que, y compris le 18 Octobre,on a vu avec quelle maestria, les trois candidats socialistes louvoyaient pour ne pas répondre à la question de l’avenir de la loi Fillon sur les retraites et à  celle des régimes spéciaux ! Je crois que Nicolas SARKOZY a raison de pratiquer la transparence sur les problèmes dits « au pied du mur » : les Français ne sont pas dupes quand, avec un bel ensemble surréaliste, hélas,les trois candidats PS s’engagent, y compris Fabius !,à renationaliser à 100% EDF-GDF,ce qui,nous le savons tous,ne sera pas possible .

 L’Histoire des Présidentielles n’étant pas finie, il nous reste à suivre les prochains épisodes pour en parler ensemble… peut-être !

  Claude BODIN.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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M
Quelques déclarations de Michel Rocard sur la campagne:<br /> "L'anticipation médiatique est une forfaiture anti démocratique"<br /> A propos du PS en mavais état " Le massacre vient de François Hollande qui impose la synthèse"....C'est à cause de cette synthèse indigne que nous avons à quelques uns quitté ce parti...<br /> Les Jurys citoyens de Ségolène Royal " confinent à la stupidité"...<br /> On peut aprouver ou non, mais le moins que l'on puisse dire est qu'il ne pratique toujours pas la langue de bois...lui.<br /> marc
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M
Les jurys populaires de Ségolène Royal n'est pas en soi un mauvaise idée. Mais comme toujours lorsqu'elle a (ou répète) une idée elle le fait mal. Le nom qu'elle leur donne est inutilement provocateur, le rôle qu'elle leurattribue (sanctions ou contrôle des élus) démagogique et absurde: il doit s'agir plutôt d'une évaluation des politiques et de ropositions. Le fait de limiter leur composition à des citoyens "tirés au sort" pas satisfaisant: ils doivent être composés à la fois de tirés au sort et de citoyens engagés  sur le plan associatif......Le côté institutionnel qu'elle leur donne est trop rigide et "techno"....<br /> Ségolène où comment faire d'une idée juste une proposition fausse...et démagogique.<br /> marc
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L
c'est le principe de la valse....d'ailleurs Villepin a annoncé quant à lui qu'il était pour la retransmission télévisée des conseils des ministres....comme le dit l'AFP, il s'inscrit dans les pas de Ségolène Royal...et la valse continue !
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M
Il semble qu'elle ait déjà (ou encore) changé d'avis...<br /> marc
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F
...Même si elle se serait rétractée ce matin.<br /> Comme si être citoyen était un gage de bon sens<br />  
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