Social-démocratieet socialisme libéral (suite)
Le débat sur le caractère du socialisme Français et son évolution se poursuit…
Je reviens sur la phrase de Marc d’Héré, reflétant « l’avant-gardisme » de la gauche française
qui pense guider le peuple de l’Europe vers la voie du salut socialiste :
« Derniers révolutionnaires, quand en Europe les autres partis de gauche étaient sociaux-démocrates, les socialistes Français vont se retrouver les derniers sociaux démocrates dans une gauche européenne largement devenue sociale libérale »
La gauche Française souffre de divers travers, mais les plus significatifs, apparaissent
en trois défauts, qu’elle pense être des qualités qui la singularisent et la font – pense t-elle – citer en exemple.
C’est justement le fait d’être travaillée par l’idée révolutionnaire, de se penser « à l’avant-garde de la lutte », qui confère à cette gauche un sentiment de supériorité. Ce vertige
qui saisit l’ensemble des protagonistes ne pourra, processus de « révolution »
oblige, être contesté ou corroboré qu’une fois qu’à la fin du processus.
Le fait de se penser investi d’une mission exonère ses partisans de devoir
se justifier –la justification n’interviendra qu’à la fin du combat. Ils
auront raison jusqu’à ce qu’un régime socialiste soit mis en place, en
conformité avec leurs aspirations cela va de soi –dans le cas inverse, il leur suffira de soutenir certains artifices comme ceux qui ont prévalu dans le cas de la mort du
stalinisme qui laissait la voie libre à l’expression d’un « authentique »
communisme trotskiste.
Un deuxième élément qui habite sans doute l’inconscient de nombres de Français,
dans la lignée de l’esprit révolutionnaire que l’on a évoqué, est la viscérale
croyance d’être un modèle pour tous les autres Etats. Etant donné notre
intime conviction d’avoir des idées novatrices, il ne reste plus qu’à tenir bon,
jusqu’à ce que d’autres, les plus éclairés bien évidemment, nous suivent.
N’a-t-on pas rencontré un jour tel ou tel dirigeant –et pas que socialiste-,
nous inciter à nous engager en politique pour changer le monde ! On saluera bien
entendu la modestie de l’ambition.
Le troisième élément, qui mêlé aux précédents fait des ravages dont
nos instruments d’évaluation –tels que l’échelle de Richter- sont trop limités
pour en donner toute la mesure, est le conservatisme de gauche –bien
identifié par Marc d’Héré. Ainsi, en résulte-il une cécité à gauche, dont la
persuasion du bien fondé de son action qui ne peut être remise en cause comme on
l’a vu, fait croire à ses partisans que la défense de l’ordre établi est un
juste combat.
Mais même quand ils seront sociaux-démocrates avant de devenir
« sociaux-libéraux », en prendront-ils conscience ?
Frédéric Coste