Regarder la réalité en face
Il y a quelques jours Gilbert Veyret nous proposait dans « malaise récurrent », des extraits de Tocqueville d’une actualité saisissante et évoquait les « déclinistes »…Cela a suggéré quelques réflexions à Robert Bellec.
Oui c’est amusant de voir à quel point les choses changent bien moins qu’on ne le pense ordinairement.
Je rebondis sur cette boutade à propos des « déclinistes » que certaines sphères francotropes aiment à stigmatiser aujourd’hui. C’est un peu facile en même temps. Il y aurait les optimistes positifs, dynamiques, d’un coté, hissant haut la bannière de la France éternelle et sans reproche, et puis de l’autre les esprits chagrins, les pisse-vinaigre jamais contents qui verraient le mal partout où il n’est pas.
Oui, c’est un peu facile quand même, trop facile.
Habitué à l’action, je sais que l’erreur est partout et qu’elle est le principal terreau de l’amélioration des choses. A une seule condition : de l’admettre, de la regarder en face, et de la prendre à bras le corps.
Alors le refus d’admettre les errements et les risques, me parait toujours bien plus inquiétant que les errements et les risques eux-mêmes.
A d'autres époques notamment les années 1960 et 70 l'Angleterre a pris du retard sur la France, elle était en perdition de par une idéologie décalée des réalités.
Elle a commencé son redressement quand elle a cessé de le nier.
Déclinistes, déclinologues, je trouve ces termes d'un opportunisme suspect.
Doit-on occulter, nier les menaces, les erreurs, les évolutions néfastes, lorsqu'elles existent ?
Doit-on, sachant qu'une maladie menace, prétendre qu'elle n'existe pas ?
La nier, cela aide-t-il à la conjurer ?
Il me semble que nier les faits, nier la maladie, c'est se faire le plus fidèle allié du déclin et le rendre inéluctable, alors que si l'on en prend conscience, si l'on en prend la mesure, on peut lutter et tenter d'inverser la tendance.
Etre optimiste ce n'est pas jeter un voile pudique sur les défis qui se présentent. C'est tout le contraire : c'est les regarder en face afin de les affronter.
Les vrais déclinistes ne sont-ils pas plutôt ceux là mêmes qui nient la réalité d'un déclin amorcé, attesté par les faits et par les chiffres ?
Et auquel on peut résister, mais à condition de regarder la réalité en face.
Robert Bellec