Des souris et des hommes
Des biologistes de l’université de Tokyo viennent de créer une souris qui n’a pas peur des chats en modifiant génétiquement son bulbe olfactif. La souris perçoit l’odeur du chat mais ne déclenche plus un réflexe de panique à son approche. Beaucoup pourraient penser que cela met la souris en danger. C’est le contraire qui se passe, dès lors qu’elle ne fuit plus, la souris peut échanger des signes de reconnaissances avec le félin et établir avec lui des relations de bon voisinage.
Je me suis pris à rêver que l’on pourrait faire la même chose avec ceux qui ont un réflexe de peur génétique à l’égard de l’économie de marché et de la mondialisation.
En effet c’est bien de peur irraisonnée qu’il s’agit, quand on voit que beaucoup de ceux qui s’en effraient, ne connaissant pas le monde de l’entreprise. Il est frappant de constater que c’est en France, où la fonction publique est la plus développée, que le rejet de l’économie de marché est le plus fort.
La crise des universités donne d’ailleurs de nombreux exemples de cette attitude : au nom de quelle logique, Fabien (25 ans et déjà en deuxième année d’archéologie !), peut-il penser que des entreprises vont venir privatiser sa fac et compromettre ses chances de commencer sa carrière dans « l’univers de la culture » ?
A l’inverse ce sont le plus souvent ceux qui sont le plus ouverts sur le monde de l’entreprise et la vie internationale qui se sentent le moins menacés.
Si l’on poursuit ma métaphore souristique, il faut s’interroger sur les moyens politiques de supprimer cette peur réflexe qui fait que beaucoup de nos concitoyens se mettent à pousser des cris d’orfraies dés lorsque l’on parle de mondialisation libérale.
Faire faire l’expérience du monde de l’entreprise dès le temps de l’école me paraît être une première étape, il faut poursuivre cette politique des stages en classe de troisième et la compléter par d’autres initiatives. Cela peut aussi passer par une meilleure formation des enseignants, l’entreprise devrait être une matière obligatoire au même titre que le droit grand absent de l’enseignement secondaire.
Peut-être qu’une fois cela entrepris, on fera tomber ce réflexe de peur à l’égard de l’économie de marché qui est une des vraies exceptions françaises et n’en finit pas à droite comme à gauche d’asphyxier le débat politique en France.
L’univers de l’entreprise n’est pas celui d’un chat sans griffes et il faut rester prudent même quand il ronronne. Elle n’est pas un lieu idéal comme toute construction humaine, mais ce que l’on a trouvé de plus efficace pour produire les richesses. La chute du mur de Berlin aurait d’ailleurs du trancher ce débat historique et clore le chapitre du rêve d’une économie administrée.
Au fond ne vaut il pas mieux vivre avec un peu de risques et au soleil plutôt que de passer sa vie dans les trous de souris obscurs de la bureaucratie étatique encore si développée chez nous ?
Gilles NORROY